La 75e édition du Festival international du film de Venise débute aujourd’hui et se clôturera samedi 8 septembre. Jonathan Broda, notre Monsieur Cinéma à l’EICAR, fait le point sur l’affiche de la Mostra 2018 !
Cette année, le plus vieux festival de cinéma au monde (créé en 1932 par Mussolini) sera présidé par Guillermo del Toro, lauréat du Lion d’Or pour La Forme de l’eau, l’année dernière ; puis de quatre Oscars (dont celui du Meilleur film) six mois plus tard.
Il sera accompagné d’un jury hétéroclite de 9 membres (5 femmes et 4 hommes). Il comprend entre autres, l’actrice et réalisatrice française Nicole Garcia, l’actrice anglaise Naomi Watts, l’acteur autrichien Christoph Waltz et le metteur en scène néo-zélandais Taika Waltz.
C’est First Man, réalisé par le Canadien Damien Chazelle qui sera projeté en ouverture. Le très attendu biopic de Neil Armstrong « Un petit pas pour l’Homme, un grand pas pour l’Humanité » avec Ryan Gosling.
[iframe width= »100% » height= »100% » src= »http://www.youtube.com/embed/4lPM3k7VrzI?&rel=0&showinfo=0&modestbranding=1&hd=1&autohide=1&color=white » frameborder= »0″ allowfullscreen= »1″][/iframe]
Des Lions d’honneur de la Mostra
Cette 75e édition sera aussi l’occasion de donner un Lion d’Or d’honneur à deux figures imposantes du cinéma mondial :
L’actrice anglaise Vanessa Redgrave, l’inoubliable muse du « Free Cinema » britannique des années 60-70. Primée deux fois à la Mostra (en 1972 et 1994) et deux fois à Cannes (en 1966 et 1969), sans oublier son Oscar en 1978… Cette véritable icône sera honorée pour une carrière dense et éclatante.
Le réalisateur canadien David Cronenberg, qui depuis les années 70 nous terrorise et/ou nous questionne avec son regard subversif et sulfureux. Il explosa dans les années 80 avec des films culte comme Videodrome(83) et Dead Ringers (88) et s’imposa dans les années 90 avec Naked Lunch (91) ou encore Crash (96). Au XXIe siècle, il continua de nous surprendre avec Eastern Promises (2007) ou avec son dernier film, à ce jour, Maps to the Staren 2014.
Côté sélection officielle du Festival de Venise
21 films seront présentés, dont un seul réalisé par une femme : la méconnue, voire inconnue, Australienne Jennifer Kent qui présentera The Nightingale…
Il y a quelques auteurs réputés en sélection :
- Les (éternels) frères Coen avec The Ballad of Buster Scruggs (une minisérie Netflix qui y sera disponible fin 2018). Les six épisodes deviennent donc six chapitres ou segments différents au fin fond du Nebraska…
- Le maître (anglais) Mike Leigh avec Peterlo (qui nous fait revivre un massacre qui a eu lieu en 1819 à Manchester, ayant aboutit à des lois importantes sur le suffrage universel en Grande-Bretagne).
- L’éclectique (et excitant) Alfonso Cuarón avec Roma (qui après son imposant Gravity de 2013, retourne à un sujet social : sur une famille mexicaine middle class dans les années 70).
- Notre Jacques Audiard (national) qui signe avec The Sisters Brothers son premier film américain – un western de surcroît – avec un casting pour le moins sexy : Joaquin Phoenix, Jack Gyllenhaal et John C. Reilly. Le film sort d’ailleurs aujourd’hui en France…
La nouvelle génération des réalisateurs « autorisés » est bien représentée aussi, avec :
- L’américain Paul Greengrass et son 22 July qui revient sur l’attaque terroriste du Norvégien Anders Breivik et ses conséquences tragiques.
- Le Mexicain Carlos Reygadas avec Nuestro Tuempo qui nous avait surpris, voire même subjugué avec Batalla en el Cielo en 2005 et surtout Post Tenebras Lux en 2012…
- Le Grec Yorgos Lanthinos qui avec The Favourite se situe au début du XVIIIesiècle en Angleterre avec le règne d’Anne d’Angleterre. Le film offre également un casting attirant : l’épatante Emma Stone (échappée d’Amazing Spider-man ou de La La Land) et l’ensorcelante Rachel Weisz qui était déjà magnifique dans The Lobster du trublion Yorgos…
- Le cinéaste allemand Florian Henckel von Donnersmarck, qui avait surpris et enthousiasmé tout le monde avec son thriller La vie des autres en 2006 et réjoui le box-office avec The Tourist en 2010, présentera cette année Wer ohn autor.
- Et enfin le Hongrois Laszlo Nemes, qui a pris le temps après son étourdissant Le fils de Saul, au sujet brûlant et au parti-pris original en 2015, de réaliser son second film : Sunset.
Un bon tiers de la sélection tente des choses nouvelles, tant mieux, notamment l’Italien Luca Guadagnino qui « ose » un remake de Suspiria, le film culte de Dario Argento…
Le Festival de Venise côté « Off »
Plusieurs éléments à signaler dans les séances hors compétitions et autres événements spéciaux.
Tout d’abord, le troisième remake de A Star is born. Après l’original ou originel de William Wellman en 1937, avec les oscarisés Janet Gaynor (vue dans L’Aurore de Murnau) et Frederic March (dédoublé dans Dr Jekyll et Mister Hide de Rouben Mamoulian) ; puis le splendide et flamboyant remake de George Cukor en 1954 avec Judy Garland (son dernier grand rôle…) et James Mason (au sommet de son art).
Cette fois c’est l’acteur Bradley Cooper – qui joue ET réalise le film – accompagné de Lady Gaga qui se lance (enfin ?) dans le cinéma avec ce projet excitant mais très risqué tant les deux premières versions du fameux script écrit par le couple Dorothy Parker et Alan Campbell ont été des succès en leurs temps…
Sans oublier la présence des maîtres Zhang Yimou et Amos Gitaï qui continuent à dresser des esquisses de leurs pays respectifs (la Chine et Israël)…
Ni les nouveaux films de la toujours pertinente franco-italienne Valeria Bruni Tedeschi (Les estivants) et du subversif (?) Pierre Schoeler avec Un peuple sans roi, un biopic de Louis XVI à moins que ce ne soit un film sur la Révolution française…
Des documentaires… mais en Off
Bien qu’hors de la sélection officielle (pourquoi ?), des documentaires de cinéastes (très) réputés seront projetés.
Parmi lesquels, Amos Gitaï (donc doublement représentée cette année…), le délicieux et pluridisciplinaire Taiwanais Tsai Ming-Liang, l’inoubliable Emir Kusturica et l’inusable Frederick Wiseman (le plus grand documentariste américain).
On pourra également voir une restauration (ou simplement, un déterrement) d’un des films de la fin de carrière d’Orson Welles : The Other Side of the Wind.
Bref. Une dizaine de jours où l’on pourra voir toute une somme de films disparates et excitants avec quelques–uns des artistes les plus passionnants du cinéma d’aujourd’hui…
On se retrouve à la fin de cette 75e édition pour l’After !
