« Aujourd’hui, [Jacques Higelin est mort]. Ou peut-être hier, je ne sais pas. »
Photo de l’article : André Durand/AFP
Hier, le jeudi 5 avril, je fais mon cours d’Histoire du Cinéma aux étudiants de 2e année, nous en sommes au cinéma français des années 80, le cinéma du « look » comme le surnomment certains théoriciens. Nous parlons de Jean-Jacques Beineix et son cultissime Diva, nous enchaînons avec Léos Carax et son mythique Mauvais Sang, et nous finissons avec Luc Besson et son fameux Subway (pourquoi pas Métro ?). Je leur rappelle que Besson, à cette époque, travaillait toujours avec le même musicien : Eric Serra, et je leur dis que ce dernier a été, un temps, le bassiste de Jacques Higelin, et en prononçant le nom de ce chanteur majeur pour moi (qui suis né en 1970, quand Higelin sortait son premier album solo), je me dis qu’ils ne doivent pas connaître (mes étudiants sont nés plutôt à la fin des années 90…). Mais quelques-uns me font comprendre que non : ils connaissent ce nom !
Quel plaisir de les sentir, parfois, en phase avec mes goûts artistiques…
Aujourd’hui, à l’heure du déjeuner, alors que je me délecte à l’idée d’aller à la cantine avec mes collègues, la nouvelle m’est Tombé du ciel alors que j’avais La tête en l’air :
« Le chanteur et poète Jacques Higelin est mort »
Après une première réaction hystérique : NON ! Je me refais tout l’historique de mon attachement à ce « poète fantasque », à cet « artiste engagé et atypique », à cette « bête de scène » pour sampler les clichés des nécrologies qui commencent à fleurir sur le Net.
Mais NON, à nouveau !
Higelin est (et non, a été) impossible à synthétiser en quelques clichés ; il était tout sauf un cliché et préférait les synthétiseurs aux synthèses.
Higelin était fantastique sur scène, pour l’avoir vu ou looké plusieurs fois sur scène, à la fin de ces fastueuses ou fameuses années 80, ses concerts étaient chauds-chaleureux, interminables (il avait du mal à quitter la scène) et inoubliables car empreints d’une générosité qui est, peut-être, la marque des grands artistes !
Ses concerts étaient véritablement, pour le sampler encore et toujours, du Champagne pour tout le monde…
Mais oui, je commence à essayer de l’accepter, il va rejoindre l’Olympe des paladins, où il pourra faire un bœuf avec David Bowie, Léonard Cohen ou encore Prince, trois autres disparitions que je n’arrive toujours pas à accepter.
Son héritage, lui, n’intéressera pas les tribunaux, j’en suis sûr, car Arthur, Kên et Izia (à qui je présente mes condoléances ici) ont déjà pris le flambeau et non le pactole, chacun à leur façon.
Salut à toi, Jacques, tu n’étais pas une Diva, mais tu étais divin ; ne te fais pas de mauvais sang, nous ne t’oublierons pas, quand nous prendrons le métro ou autres Paradis païens…
« Pars, surtout ne te retourne pas
Pars, fais ce que tu dois faire sans moi
Quoi qu’il arrive je serai toujours avec toi
Alors pars et surtout ne te retourne pas »