Il est très difficile de cerner ce qu’est un acteur populaire, un personnage que tout le monde connaît et aime, avec qui tout le monde a des souvenirs, personnels et universels… Jean Rochefort en est l’exemple. Aussi à l’aise dans la comédie que dans le drame, à pied ou à cheval, à la télévision ou au cinéma, à l’image : une moustache ; comme au son : une voix…
Des amis à la vie comme à la scène
Après avoir étudié le théâtre, de façon classique, école de la rue Blanche, Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique et débuts sur scène (une vingtaine de pièces entre 1953 et 1971) en jouant les grands auteurs (Raymond Queneau, Jean Giraudoux, Georges Feydeau, Harold Pinter ou encore Anton Tchekhov) avec de bons metteurs en scène (Jean-Pierre Grenier ou encore Claude Régy)… Cette période « théâtrale » est marquée aussi par ses amitiés avec la « bande du conservatoire » : Belmondo, Marielle ou encore Noiret qui resteront ses amis tout au long de sa carrière.
Le cinéma l’a agrippé à partir du début des années 60. Il joue les seconds rôles dans les comédies d’action de son ami Jean-Paul Belmondo, notamment dans Cartouche ou encore Les Tribulations d’un Chinois en Chine, tous deux réalisés par Philippe de Broca. Entre temps, il campe un beau second rôle dans la série des Angéliques (3 films entre 1964 et 1965) qui confirment sa notoriété dans le cinéma populaire en ces temps de Nouvelle Vague…
Une figure incontournable sur les planches et le grand écran
Les années 70 sont clairement son âge d’or. Il se positionne à la fois comme acteur dramatique crédible et comédien meanstream suivi par le public.
Il obtient deux Césars. Celui du Meilleur second rôle, tout d’abord, en 1976 pour Que la fête commence de Bertrand Tavernier. Puis celui du Meilleur acteur en 1978 pour Le Crabe-tambour de Pierre Schoendoerffer, qui confirment ses qualité dramatiques…
Il rencontre aussi deux succès dans les comédies populaires en diptyque : Le Grand blond avec une chaussure noire (et Le Retour du grand blond) dans lequel il campe un chef des Services secrets plus vrai que nature. Et bien sûr dans Un éléphant ça trompe énormément (et Nous irons tous au paradis) où il excelle dans un film choral qui marqua son temps et le box-office.
Les années 80 et 90 vont le voir revenir au théâtre, parfois même en tant que metteur en scène. Cette période est également marqué par sa rencontre avec un réalisateur français dont il va devenir la « muse » : Patrice Leconte. Rochefort travaillera en effet 5 fois avec lui dans des films doux-amers qui mettent parfaitement en perspective les qualités multiples de l’acteur : Tandem (1987) avec Gérard Jugnot ; Le Mari de la coiffeuse (1990) – peut-être le plus touchant – Tango (1993) avec son ami/complice Philippe Noiret ; Les Grands ducs (1996) cette fois avec Marielle et Noiret. En 1996, il participe aussi à l’aventure Ridicule qui obtiendra 4 Césars et une nomination à l’Oscar !!!
Le rôle de sa vie
Le XXIe siècle aurait dû le couronner avec LE rôle qui l’attendait et qu’il attendait : celui de Don Quichotte du grand cinéaste américain Terry Gilliam. Mais comme on le sait, rien ne s’est passé comme ils le voulaient. Le côté « maudit » de ce projet a été figé à tout jamais dans le documentaire Lost in la Mancha en 2002.
Jean Rochefort c’est un parcours, une carrière. C’est une présence qui est resté au firmament pendant plus de 50 ans de culture française. C’est pour cela que l’on était tous un peu triste, hier…