Saison 2 du Lab IA & Cinéma : 3 expertes de l'IA éclairent sur l'internationalisation des œuvres cinématographiques

EICAR Paris ouvre la deuxième saison du Lab IA & Cinéma, un cycle consacré aux transformations créatives, techniques et éthiques liées à l’intelligence artificielle. Une initiative qui s’inscrit au cœur du projet pédagogique de l’école, comme le souligne le directeur Frédéric Sitterlé :
« Une école, plus que n'importe quelle autre structure, doit anticiper les changements : c’est notre responsabilité auprès des futurs professionnels que nous formons. »
Cette nouvelle saison s’ouvre avec un thème majeur : la compétitivité et l’internationalisation des œuvres à l’ère de l’IA, au moment où les marchés mondiaux se redéfinissent.
Un engagement précurseur
Depuis la création du Lab, l'école s'affirme comme l’une des rares écoles à avoir relevé le défi de l’intelligence artificielle. Un engagement que nous menons « avec humilité », tant les mutations sont rapides, mais aussi « avec responsabilité », car l’IA soulève des enjeux légaux, éthiques et moraux auxquels nous devons former nos étudiants. Notre ligne directrice reste simple : « l’IA, c’est ce qu’on en fait ». Notre rôle est de permettre aux futurs professionnels de dompter ces outils pour raconter des histoires toujours plus ambitieuses.
En un an, nous avons déjà observé un impact concret : 12 films ont été réalisés dans le cadre du challenge 96 heures IA avec mk2 par les étudiants du Bachelor Réalisation, preuve que ces technologies peuvent être apprivoisées et intégrées au service d’une écriture authentique.

Aurélie Bernard, Enora Contant, Christophe Joly, Murielle Cagnat-Fisseux, Delphine Plantive, Laurent Sardi et Frédéric Sitterlé
Lancement de la deuxième saison du Lab EICAR : IA & Cinéma
Pour cette deuxième session, nous avons réuni trois expertes dont les visions complémentaires ont permis de croiser stratégies industrielles, défis économiques et enjeux créatifs, dans une discussion menée par Christophe Joly.
Cet événement, en partenariat avec le médiaClub, Écran Total, techCannes et Ynov Campus a permis d’analyser, de documenter et d'anticiper les mutations rapides de l’industrie.

Delphine Plantive au Lab EICAR : IA & Cinéma
Delphine Plantive : l’IA un levier d’ambition et d’émergence
Présidente de Wonderstory, Delphine Plantive a été « percutée » par l’arrivée de l’intelligence artificielle, qu’elle a immédiatement perçue comme un moyen d’ouvrir le champ des possibles. Avant de fonder sa société, elle a accompagné Banijay dans l’implémentation de l’IA sur l’ensemble des workflows, observant de l’intérieur comment ces outils pouvaient augmenter chaque métier, sans pour autant bouleverser les fondamentaux de la production.
Pour Delphine Plantive, l’IA est une passerelle vers de nouvelles formes de narration. Elle ouvre la possibilité de multiplier les versions d’une même histoire, adaptées à un public, un pays ou même une génération :
« L’IA permet de rêver. On pourrait adapter le récit en fonction du public, faire des versions pour chaque pays, chaque âge. »

Murielle Cagnat-Fisseux au Lab EICAR : IA & Cinéma
Murielle Cagnat-Fisseux : l’IA comme un levier de compétitivité… et de transformation sociétale
Directrice générale de Perceis, Senior Advisor chez OXYGY et co-fondatrice du think tank TEC – Tech, Éthique & Conscience, Murielle Cagnat-Fisseux aborde l’intelligence artificielle avec une vision systémique, tournée vers la transformation globale. Un levier capable de transformer non seulement l’économie des industries culturelles, mais aussi des enjeux plus larges : environnementaux, sociaux et organisationnels.

Enora Contant au Lab EICAR : IA & Cinéma
Enora Contant : l’IA au service de récits universels et d’une identité exportable
Directrice des magazines et des documentaires chez AH! Production (Satisfaction Group), Enora Contant travaille sur des contenus pensés pour circuler au-delà des frontières. L'IA devient un outil stratégique permettant d’assurer la cohérence globale d’un projet tout en renforçant son identité à l’international. Elle donne un exemple concret avec Le Masque de Fer (série documentaire, dont la sortie est prévue en février 2026) :
« L’IA nous accompagne sur Le Masque de Fer, mais c'est Louis XIV qui est le marqueur identitaire fort, capable de parler au public international. »
L'avenir réside dans cette alliance entre maîtrise des outils et ingéniosité créative, combinaison essentielle pour faire rayonner les productions françaises sur la scène internationale.
« Vous ne pouvez pas ne pas savoir utiliser l’IA. Une fois que vous maîtrisez la technique, vous pouvez choisir de ne pas l’utiliser. Mais l’ignorer n’est plus une option. Ce n’est pas une mode, c’est une révolution. » — Enora Contant
Compétitivité : l’IA comme un outil d'arbitrage de coûts
L’un des thèmes majeurs de cette première session a été celui de la compétitivité, dans un secteur où l’IA s’impose comme un levier transversal, impactant aussi bien la création que les fonctions supports. Murielle Cagnat-Fisseux rappelle à quel point cette transformation redéfinit les rapports de force :
« L’IA se développe dans toutes les fonctions supports du cinéma, comme le marketing. Cela crée des différentiels de compétitivité. »
Du côté de la fabrication, Enora Contant observe une accélération des processus, en particulier pour les formats courts indispensables à la promotion :
« L’IA est très utile pour les trailers et les bandes démo. »
Une évolution qui s’accompagne d’un changement structurel dans la manière même de concevoir les œuvres. Aujourd’hui, quand on travaille sur un film, on doit le penser en déclinaison dès le script, car les modes de consommation ont changé.


Lab EICAR : IA & Cinéma
IA et internationalisation : des récits qui s'adaptent et circulent différemment
L’intelligence artificielle apparaît comme un puissant levier d’internationalisation. Pour Murielle Cagnat-Fisseux, elle offre aux œuvres une portée immédiate bien au-delà de leurs marchés initiaux :
« L’IA fait rapidement des ajustements à la marge, comme pour le doublage. Cela augmente le marché potentiel au monde entier. »
Une évolution qui s’inscrit dans un repositionnement global des pratiques pour Enora Contant :
« Les récits deviennent universels. Les frontières de consommation territoriale sont redéfinies. »
« Quand on regarde une œuvre produite avec de l’IA, il faut regarder celui ou celle qui est derrière. C’est cet aspect qui donne le frisson. » — Delphine Plantive
Le savoir-faire à la française : un atout différenciant
Malgré l’industrialisation croissante des contenus, toutes les intervenantes s’accordent sur un point essentiel : la France conserve une singularité précieuse. Enora Contant l'explique :
« Les étrangers sont fascinés par notre capacité à trouver des astuces avec les limites actuelles de l’IA. Aux États-Unis, ils sont moins patients. C’est le savoir-faire à la française. »
Au-delà de la technicité, c’est l’émotion, la créativité française et nos talents qui attirent les partenaires internationaux.
« "Vous les Français, on ne vous donne rien et vous arrivez à nous faire pleurer". On est bons sur les émotions. »

Étudiants et professionnels se mélangent au Lab EICAR : IA & Cinéma







