UNSCRIPTED 3.0 : Le médiaclub et The Media Faculty réunissent les acteurs du flux à EICAR Paris

Publié le
01/07/2025
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Les 1er et 2 juillet 2025, EICAR Paris a accueilli la première édition d’UNSCRIPTED 3.0, la formation signée The Media Faculty et le médiaclub. Deux journées rythmées par 14 ateliers et rencontres, pour décrypter les nouveaux formats du flux et les tendances du marché audiovisuel français.

Pensée comme un temps fort de réflexion et d’échange, cette masterclass a réuni un panel exceptionnel d’intervenants, issus des plus grands groupes audiovisuels. Objectif : faire le point sur les nouveaux récits, la montée de l’IA, la puissance des marques, les reboots, les IP, les plateformes et les pratiques émergentes dans le domaine du flux.

JOUR 1

Charles Bariller (RMC/BFM) – Innover avec peu : la stratégie d’un outsider

Charles Bariller a ouvert les débats en exposant la stratégie de RMC Découverte et Story, qui capitalisent sur un flux local et des productions à coût maîtrisé. Une démonstration inspirante de ce que peut offrir une approche agile dans un paysage dominé par les géants.

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Jérôme Caza (SPECT) – Lire les tendances du marché pour mieux créer

Le fondateur de SPECT a offert une keynote précise et prospective sur les tendances du marché : montée des formats hybrides, retour du documentaire incarné, et poids croissant des algorithmes dans les choix éditoriaux.

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Table ronde – Ces créateurs qui bousculent les lignes

Samuel Diop (Non Grata), Jean-Baptiste Brumelot (Mediawan) et Aurélie Lloyd-Talbi (JUDE) ont partagé leur approche créative, souvent en rupture avec les formats classiques. Leur point commun ? Des récits audacieux, engagés, et des formats pensés pour les nouvelles plateformes.

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France Télévisions – L’engagement éditorial du service public

Lors de sa keynote, France Télévisions a rappelé son rôle structurant dans le paysage audiovisuel français : défendre une ligne éditoriale engagée, inclusive, et résolument tournée vers la société contemporaine.

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Alexia Laroche-Joubert (Banijay France) – Les défis du leader du flux

L’experte du divertissement a livré une étude de cas concrète sur la gestion des IP emblématiques chez Banijay France. Elle a insisté sur la nécessité d’innover sans trahir les attentes des fans, et sur le rôle crucial de l’adaptation culturelle.

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La nostalgie est-elle rentable ?

La table ronde réunissant Bruno Henriquet (Warner), Pierre-Marie Gadonneix (BBC Studio France) et Anne Cohen-Scali (Satisfaction) a questionné la rentabilité des reboots et formats cultes. Un équilibre subtil entre mémoire collective et actualisation.

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Antoine Boilley (ARCOM) – Le flux, pilier du modèle français

Représentant de l’ARCOM, Antoine Boilley a souligné le rôle fondamental des programmes de flux pour garantir diversité, accès à la culture et régulation équilibrée dans l’audiovisuel français.

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Pierre-Guillaume Ledan (M6) – Une marque forte, des formats agiles

Le cadre de M6 a montré comment la chaîne maintient sa pertinence grâce à l’innovation permanente en matière de formats, tout en capitalisant sur une image de marque solide.

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Matthieu Viala & Olivia Assas – Où se joue l’adhésion du public ?

Ce débat passionnant sur l’incarnation, les communautés et les algorithmes a mis en lumière les nouvelles dynamiques d’adhésion du public : une logique d’engagement plus que d’audience.

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JOUR 2

Gérald-Brice Viret (Canal+) – L’humour comme signature éditoriale

Le directeur des antennes de Canal+ a ouvert la seconde journée en analysant la place stratégique de l’humour dans l’ADN du groupe, véritable marqueur de distinction et de fidélisation.

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Benjamin Ferel (Amazon Studios) : Le format comme marque

Pour Benjamin Ferel, à la tête des formats unscripted chez Amazon Studios, chaque création est pensée comme une marque à part entière. "Nous avons en moyenne quatre créations originales de flux par an, et elles doivent toutes porter une signature forte", explique-t-il. Cette signature, Amazon la cultive notamment autour de la comédie, devenue son terrain d’expression privilégié, avec des titres emblématiques comme LOL : Qui rit, sort ! ou Comedy Class.

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Mais la stratégie ne s’arrête pas là. Amazon Studios s’ouvre à de nouveaux genres émergents, comme la new romance, et s’intéresse de près aux documentaires incarnés, qui racontent l’histoire de personnalités marquantes. Le critère central reste l’originalité : "Pour faire de l’acquisition, il faut proposer ce que le spectateur n’a ni déjà vu, ni gratuitement."

Dans un univers où la concurrence entre plateformes est féroce, Benjamin Ferel insiste sur la nécessité d’un contenu fort, incarné, et immédiatement différenciant. Même le rythme narratif est repensé : "Nos cliffs ne fonctionnent pas comme en TV traditionnelle. Il faut créer une urgence à voir l’épisode suivant, dès les premières secondes."

Cette vision « branding-first », à la croisée du développement éditorial, de l’expérience utilisateur et de la valeur de marque, illustre parfaitement comment Amazon Studios redéfinit les codes du flux à l’ère des plateformes.

Julien Degroote (TF1) : Entre patrimoine et réinvention

Comment toucher un large public tout en limitant les risques ? Pour Julien Degroote, la réponse repose sur un savant équilibre entre formats cultes revisités et créations originales bien ciblées. Relancer une émission comme Star Academy n’a de sens que si elle est en phase avec son époque : "Le digital, les réseaux sociaux… tout change la manière de consommer le flux."

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Pour minimiser les risques, Julien Degroote insiste sur une mécanique rigoureuse : connaître sa cible, construire une promesse claire, proposer une idée originale, observer les succès internationaux, et bien positionner le programme dans la gamme existante de la chaîne. "Les IP historiques rassurent, mais ne garantissent rien sans une adaptation créative."

La gamification est devenue une tendance forte : des quiz aux jeux d’aventure, tout repose sur le ludique et l’engagement. Dans cette logique, TF1 prépare trois nouveaux formats : The Box, Nation’s Dumbest et Extracted.

Produire aujourd’hui : quels modèles ?

Lors de cette table ronde, Laurent-Robert Thibierge, Bouchra Rejani et Gabriel Rygaloff ont exploré les grands enjeux de la production audiovisuelle contemporaine, entre industrialisation, qualité, rentabilité et adaptation.

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Un dilemme majeur se pose : faut-il réduire les ressources humaines pour maximiser le profit, ou au contraire investir davantage dans la qualité ? La question se pose aussi dans la manière de tourner : doit-on viser un perfectionnisme rigoureux, à l’image des standards traditionnels — où un fil visible ou la présence d’un technicien à l’écran peuvent stopper une prise — ou plutôt adopter une approche plus décontractée, à la manière des formats internet, qui privilégient l’authenticité et la spontanéité ?

Les intervenants ont aussi insisté sur l’importance de penser l’international. Face à la concurrence mondiale, la création française peut tirer son épingle du jeu en exportant ses formats et ses concepts innovants. Cette ouverture représente une piste clé pour diversifier les financements et assurer la pérennité des productions.

Entre optimisation des coûts, adaptation aux nouvelles formes narratives et quête de marchés à l’export, la production audiovisuelle d’aujourd’hui navigue dans un écosystème complexe où innovation et pragmatisme doivent aller de pair.

visions de la production : industrialisation, mutualisation, adaptation aux plateformes, recherche de financement hors TV traditionnelle…

Gregg Bywalski (Webedia) : La Creator Economy en question-réponse)

Gregg Bywalski a répondu aux questions sur la Creator Economy, en insistant sur les mutations profondes du rapport aux audiences, et sur le rôle central des talents dans la construction de récits puissants. Il a illustré ces transformations à travers l’exemple de Kaizen, un projet qui ne devait initialement être diffusé que sur YouTube, puis a été projeté au Grand Rex pour les Friends-Family-Partners, puis au cinéma avec MK2 pour la communauté d'Inoxtag, puis diffusé sur TF1, TF1+ et enfin Disney+.

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« Pour avoir une telle vérité et un tel engagement dans un programme, il faut que le créateur soit au cœur », explique-t-il. À titre d’exemple, Inoxtag a su incarner ses envies de dépassement personnel dans ses formats, en s’appuyant sur sa communauté et son authenticité.

Gregg insiste sur une vérité clé : un créateur avec une large communauté ne fonctionne pas si on le traite comme un programme classique. Il faut partir du créateur, non du programme, pour créer une connexion authentique. Cette double diffusion, à la fois sur antenne et sur réseaux sociaux, s’adapte aussi dans l’autre sens, comme avec Joyca qui teste ses formats sur sa chaîne avant une diffusion sur RMC Découvertes.

L’avenir réside dans la convergence entre télévision et digital, où les créateurs s’imposent à la TV et les programmes deviennent des IP digitales. Cette dynamique attire aussi les marques, qui gagnent en notoriété grâce à un storytelling authentique porté par les talents, au point où elles pourraient un jour financer entièrement ces programmes.

Enfin, Gregg souligne que la structuration croissante des contenus, avec des créateurs désormais équipés de studios professionnels, garantit la durabilité de ces projets.

Le brand content, nouveau territoire narratif

Gwenola Masurel, Karim Sabba et Jan Belletti ont illustré comment les marques investissent de plus en plus dans des récits ambitieux, souvent portés par des créateurs. Le brand content devient un véritable terrain de narration, avec des enjeux dépassant la simple visibilité.

Face à la multiplication des canaux, les marques repensent leurs budgets et s’entourent de head of entertainment pour piloter ces projets culturels. Mais pour que ça fonctionne, il faut s’adapter aux méthodes des talents. « Les créateurs savent ce qu’ils veulent, les marques doivent apprendre à s’accrocher à leur train », résume Karim Sabba.

L’enjeu ? Créer des formats qui plaisent au public, en faisant confiance aux créateurs et en construisant de vraies promesses éditoriales.

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Pitch, IA et nouvelles méthodes de développement

Delphine Plantive, Stefan Tran et Céline Cauderlier ont partagé leur vision d’un développement plus agile, où l’expérimentation, la technologie et l’adaptation au digital transforment en profondeur les méthodes de création.

Delphine Plantive a par exemple expliqué avoir utilisé l’IA pour créer un mini persona calqué sur les caractéristiques de son client, afin d’obtenir un premier retour sur un projet avant même de le soumettre. Un outil utile pour anticiper les attentes et affiner plus vite les propositions.

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Stefan Tran a insisté sur la souplesse du modèle digital, qu’il qualifie de « circuit court de la création ». Lorsqu’on produit pour un créateur ou une créatrice de contenu, il y a souvent un seul décideur : « C’est comme un ping-pong créatif, avec peu d’étapes de validation ». Cette réactivité permet d’expérimenter davantage, de prendre des risques et de livrer plus rapidement.

Tous soulignent que le digital offre une liberté nouvelle : chacun peut désormais devenir créateur, avec des moyens techniques accessibles et une relation directe avec son audience.

Quel avenir pour le flux ?

La dernière table ronde a réuni créateurs, chercheurs et producteurs (M. Poulpe, Antoine Henriquet, Arnaud Renard) pour interroger le futur du flux : entre réseaux sociaux, fiction hybride et engagement communautaire.

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